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Mines : Vente des actions de Chemaf Ressources : Malentendu ou confusion avec la Gécamines SA

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Ghislain Yumba Kayembe, Secrétaire Général de CHEMAF SA

Dans un entretien accordé à Mines et Industries, le jeudi 20 juin 2024, dans les installations de CHEMAF SA, M. Ghislain Yumba Kayembe, Secrétaire Général de CHEMAF SA, a éclairé l’opinion au sujet de la rumeur selon laquelle la Gécamines SA aurait un contrôle ou une influence significative sur les opérations de CHEMAF SA. Vous pouvez le lire dans un article de presse publié par Zoom Eco, M. Guy Robert Lukama, Président du Conseil d’Administration de Gécamines SA, qui déclare : « La prise de Chemaf Ressources par un nouvel investisseur ne pourra se faire qu’avec l’accord de la Gécamines SA ».

Ghislain Yumba Kayembe, Secrétaire Général de CHEMAF SA

En réaction à cette déclaration, Ghislain Yumba Kayembe n’y va pas par le dos de la cuillère : « La déclaration de M. Guy Robert n’a pas sa raison d’être, car CHEMAF SA est une entreprise minière privée autonome, qui n’est pas à confondre avec Chemaf Ressources. ». Chemaf Ressources est une entreprise de droit de l’Île of Man, exerçant ses activités en dehors de la RDC, ne concernant pas CHEMAF SA. 

Et donc, « CHEMAF SA est à 100% privée, c’est-à-dire, elle n’a pas d’associés extrinsèques. La Gécamines SA n’a aucune action dans CHEMAF SA. Ce qui lie les deux entreprises citées, c’est le contrat d’amodiation de 25 ans avec Mutoshi », a-t-il dit. Et, d’ajouter : « C’est l’Etat congolais, représenté par le ministère du portefeuille, qui est l’associé de CHEMAF SA».

Concrètement, Chemaf SA est une société anonyme avec trois actionnaires : Shiraz (0,02%), l’Etat congolais (5%) et Chemaf Ressources (94,68%). Chemaf SA possède 52 concessions parmi lesquelles : la Mine de l’Etoile avec ses usines, l’Usine de Usoke (fermée), la mine de Mufunta, la mine de Kimono et l’extension de la mine de l’Etoile. La concession de Mutoshi, dans le Lwalaba, est une cession en faveur de CHEMAF SA via un contrat d’amodiation des droits attachés aux Permis d’Exploitation 2350 et 529, de 25 ans, avec la Gécamines SA.

Pour développer ses activités, c’est-à-dire construire ses usines dans les concessions de Mutoshi et de la mine de l’Etoile, CHEMAF SA a contracté un crédit de 500 millions de dollars américains auprès de Trafigura. Prêt couvert par une garantie sous forme d’hypothèque des permis d’exploitation de 5 mines utiles  citées ci-haut.

Notez que la société Trafigura est un acteur majeur sur le marché des matières premières, fondée en 1993. Elle assure une mise en relation efficace, fiable et responsable entre les producteurs et les consommateurs de matières premières essentielles. A ce titre, elle travaille avec Chemaf SA dans la commercialisation de ses produits miniers.

« Nous avons donné en garantie ces mines, qui étaient d’ailleurs très avancées en terme d’exploration et qui avaient une valeur ajoutée plus grande pour justifier les 500 millions USD de Trafigura », explique Ghislain Yumba Kayembe.

Le marché de cobalt n’étant pas au bon fixe, CHEMAF SA connait des difficultés pour rembourser l’argent emprunté auprès de Trafigura. Pour rembourser la dette, il fallait qu’on trouve d’autres partenaires qui devraient nous aider à financer pour finir Mutoshi et Etoile, non seulement les finir, mais aussi rembourser les prêts qu’on avait déjà contractés à Trafigura »

Et, de renchérir : « Bien sûr, on fait des profits mais pour atteindre 500 à 600 millions USD, il faut attendre environ 3 à 4 ans. C’est pourquoi on prend des prêts qu’on rembourse progressivement, parfois avec des intérêts, entre-temps, on construit une usine dans un bref délai. »

« Quand on avait pris le prêt chez Trafugura, on avait laissé hypothéqué nos permis. Maintenant, s’il faut chercher d’autres personnes, nous devons encore fournir d’autres garanties. Quelle garantie avons-nous encore ? », s’est questionne Ghislain Yumba Kayembe. « Or, il fallait de nouvelles garanties à nos futurs créanciers, mais nous n’en avions pas ».

En outre, le secrétaire général à CHEMAF SA souligne que « Et, le seul moyen qu’on a trouvé, c’est l’actionnaire majoritaire Chemaf Ressources, qui veut vendre une partie de ses actions pour permettre à CHEMAF SA de continuer ses activités ».

Ainsi donc, par rapport au déficit financier de CHEMAF SA, Chemaf Ressources (actionnaire majoritaire) propose de céder une partie de ses droits en faveur d’un autre actionnaire. C’est un arrangement interne, qui ne va toucher la Structure de Chemaf SA.

Dans la publication de Zoom Eco, la Gécamines SA conditionne alors la vente de Chemaf Ressources par son accord préalable. Or, cela ne peut pas être le cas, car la Gécamines SA n’est pas actionnaire ni dans CHEMAF SA et moins encore dans Chemaf Ressources. La vente d’actions à opérer par Chemaf Ressources entre donc dans le cadre d’un arrangement interne, comme indiqué dans une lettre du ministère des mines, l’autorité du tutelle, qui a ratifié ce changement de contrôle indirect à CHEMAF SA.

En 2015, CHEMAF SA et la Gécamines SA ont  signé un accord de bail visant à céder pour 25 ans ses droits d’exploitation sur un permis de cuivre-cobalt située à Mutoshi,. C’était le projet phare de CHEMAF en RDC.

Dans ses obligations comme la loi l’exige, conformément à l’article 11.2 de leurs partenariats, dont CHEMAF SA et Mutoshi (Gécamines SA), il est stipulé que s’il y a un changement dans la structure de CHEMAF SA, il faut faire appel à la Gécamines dans le cadre de ce contrat.

Cette mise au point du secrétaire général à CHEMAF SA dissipe tout malentendu concernant la relation entre la Gécamines et CHEMAF, et vise à garantir la transparence et la bonne gouvernance dans le secteur minier rdcongolais. Les deux entreprises continueront à travailler de manière indépendante, chacune poursuivant ses objectifs et ses intérêts propres dans le respect des règles et des normes en vigueur.

Jean-Jacques KALONJI