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Taxe de contrôle technique à Lubumbashi : percevoir sans contrôler, quelle finalité pour la sécurité routière ?

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À Lubumbashi, la mise en place d’une taxe liée au contrôle technique des véhicules soulève une question simple et lourde de sens : pourquoi percevoir une redevance destinée à garantir la sécurité routière si, en pratique, le contrôle effectif des véhicules n’a pas lieu ? Entre recettes encaissées et circulation d’engins dans un état chaotique, les automobilistes et piétons paient le prix d’un dispositif incomplet.

Percevoir sans contrôler : un dysfonctionnement patent

Depuis quelques années, la Direction Régionale (DRHKat) a institué une taxe dite « de contrôle technique ». Sur le papier, la démarche vise à formaliser la vérification des véhicules et à financer les infrastructures et opérations nécessaires. Sur le terrain, la réalité est différente : les services de recettes perçoivent les montants, mais le contrôle technique, examen technique des véhicules visant à garantir leur conformité et leur sécurité, n’est que rarement effectué.

Cette situation pose un problème de gouvernance : soit les autorités n’ont pas les moyens logistiques (centres de contrôle, équipements, personnel formé), soit il existe une absence de coordination entre perception des recettes et mise en œuvre opérationnelle des contrôles.

Le paradoxe des campagnes de recouvrement

Les campagnes de recouvrement forcé organisées récemment visaient à ramener des fonds dans les caisses publiques. Pourtant, quelques semaines après ces opérations, la route reflète peu le succès escompté : de nombreux véhicules, notamment des taxis, circulent toujours dans un état dangereux (phares défaillants, freins incertains, carrosserie détériorée).

• Question politique et sociale : quel est le sens d’une campagne de collecte si l’objectif déclaré, améliorer la sécurité routière, n’est pas atteint ?

• Impact social : hausse du risque d’accidents, sentiment d’injustice parmi les conducteurs qui payent sans voir d’amélioration.

Vers une responsabilisation conjointe : police routière et services techniques

La perception seule ne suffit pas. Pour être efficace, la politique publique doit combiner perception, contrôle et sanctions graduées. Deux axes doivent être renforcés. C’est, au delà des opérations fiscales, la police routière doit être mandatée et équipée pour détecter et retirer de la circulation les véhicules non conformes. L’immobilisation et, si nécessaire, l’enlèvement constituent des mesures dissuasives efficaces quand elles sont appliquées de manière transparente et proportionnée. Aussi, les recettes collectées doivent en partie être allouées à la création et à l’équipement de centres accessibles et fiables (horaires élargis, prix modulés pour les petits opérateurs).

Risques de l’inaction

Si rien n’est fait, plusieurs conséquences sont à redouter, notamment la croissance des accidents routiers et de leurs coûts sociaux et économiques ; perte de confiance envers les institutions locales et sentiment d’injustice chez les citoyens et le maintien d’un cercle vicieux où la taxe devient un simple instrument de collecte sans amélioration concrète.

Percevoir oui, mais pour quoi faire ?

La taxe de contrôle technique peut être un outil utile pour améliorer la sécurité routière et moderniser le parc automobile si elle est adossée à des mécanismes opérationnels : centres de contrôle, police routière active, mesures d’accompagnement et transparence sur l’emploi des fonds. Percevoir pour percevoir revient à l’user en instrument de recettes au détriment de l’intérêt général. À Lubumbashi, la priorité doit être de rendre lisible et effective la chaîne : collecte → contrôle → mise aux normes → sanction. Sans cela, les campagnes resteront symboliques et la route, dangereuse.

Jean-Jacques Kalonji

 

 

 

 

 

 

 

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