Au petit matin, sur le champ de Katumbwe (quartier Katuba 1) à Lubumbashi, des femmes et des hommes se lèvent pour cultiver légumes et feuilles potagères. Ces maraîchers, souvent invisibles, approvisionnent les marchés locaux et assurent les revenus de nombreuses familles. Pourtant, malgré leur rôle clé dans la sécurité alimentaire, ils restent insuffisamment soutenus par les autorités et manquent d’outils, de financement et d’accompagnement technique.

À l’aube, quand la ville dort encore, des cultivateurs se rendent au champ Katumbwe, à Katuba 1, pour travailler la terre. Parmi eux, M. Nathan, père de huit enfants, cultive amarantes et choux sur un périmètre d’environ 65 mètres carrés. À quelques mètres de là, M. Jean Luc Chambuyi entretient des plates bandes de choux et autres légumes sur un espace aussi d’environ 60 × 30 mètres. Tous deux affirment que, malgré les difficultés, leur activité permet de subvenir aux besoins de leurs familles.
« Le vrai bonheur est dans l’agriculture », déclare M. Jean Luc. « Avec l’agriculture, il n’y a pas de chômage : si vous faites preuve de sérieux, vous pouvez gagner votre vie. »
M. Nathan ajoute : « Nous cultivons selon les saisons. Si les pluies font défaut, nous interrompons les cultures et attendons la saison suivante. Notre activité se combine souvent à d’autres petits emplois, comme le commerce alimentaire ou l’élevage. »
Au même endroit, Mme Kasongo Justine, qui travaille le champ depuis cinq ans, cultive carottes, feuilles de courge et autres produits alimentaires. Elle pointe le manque de fonds et d’accompagnement : « Que les autorités nous aident avec des outils et de la formation. Qu’elles consultent nos associations pour nous identifier et nous permettre d’obtenir des subventions. »

Ces maraîchers alimentent quotidiennement les marchés locaux en légumes frais. Selon M. Nathan, « pour une plate bande de choux, le revenu est d’environ 70 000 FC ; pour les amarantes, 45 000 FC », des montants qui témoignent à la fois de l’utilité sociale de la production et de la fragilité économique des exploitations.
L’absence d’une politique d’accompagnement structurée
Alors que l’agriculture est théoriquement une priorité nationale, les dispositifs d’appui au maraîchage restent limités. Les autorités locales tardent à structurer les coopératives, mettre en place des fonds de soutien et orienter les maraîchers vers la professionnalisation. M. Jean Luc dénonce des pratiques clientélistes : selon lui, les subventions provinciales profiteraient surtout aux proches des responsables locaux.

L’Association des Cultivateurs de Katumbwe (ACK), créée depuis des années, n’a quasiment reçu aucun soutien financier. « Grâce à l’association, nous sommes moins exposés aux tracasseries », reconnaît un représentant, tout en regrettant l’absence d’appui concret.
La culture maraîchère contribue fortement à la sécurité alimentaire et au développement local, mais ses acteurs restent marginalisés. Une reconnaissance plus forte, un appui technique, logistique et financier, ainsi qu’un suivi régulier sont nécessaires pour valoriser ces cultivateurs, véritables gardiens du panier alimentaire local.

Sans mesures structurées, financement ciblé, formation, accès aux intrants et organisation en filières, le potentiel du maraîchage urbain restera sous exploitée. Miser sur ces producteurs, c’est investir dans la sécurité alimentaire, la création d’emplois locaux et la résilience des quartiers.
Trésor Kasamba









