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Lubumbashi-Transport urbain : pourquoi les chauffeurs continuent le « Kimbirikité »?

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Malgré les mesures prises par le maire Me Patrick Kafwimbi Mumamba pour interdire le « Kimbirikité » pratique consistant à prendre des passagers hors des arrêts officiels, de nombreux chauffeurs de bus continuent de charger sur la voie publique à Lubumbashi. Un constat établi par la rédaction de Mines & Industries Magazine le 18 novembre met en lumière les raisons économiques et logistiques qui expliquent cette défiance.

Dans le cadre du rétablissement de l’ordre dans le transport urbain, le maire de Lubumbashi, Me Patrick Kafwimbi Mumamba, a récemment annoncé une série de mesures visant à mettre fin au phénomène localement appelé « Kimbirikité ». Cette pratique consiste pour les conducteurs à quitter les arrêts officiels pour prendre des passagers en pleine route, ce qui engendre désordre, embouteillages et risques accrus d’accidents.

Pour comprendre la persistance du phénomène, la rédaction a interrogé plusieurs conducteurs au centre ville, le mardi 18 novembre. Daniel, chauffeur sur la ligne Kalubwe, pointe du doigt l’insuffisance des infrastructures : « L’arrêt est trop petit pour le nombre de bus. Il faut parfois faire file pendant 1 h 30 à 2 h avant de prendre des clients. Avec cela, on n’atteint pas le versement et on ne couvre pas le carburant. Nous avons des familles à nourrir. C’est pour ça que beaucoup préfèrent prendre les passagers hors arrêt : c’est plus rapide et plus rentable, bien que cela soit illégal. »

Un autre conducteur, qui a souhaité garder l’anonymat, nuance toutefois l’étiquette « Kimbirikité » : selon lui, la réalité sur le terrain est plus complexe. « Parfois des passagers descendent plusieurs artères avant le terminus ; le bus se libère et alors, le receveur prend ceux qui se présentent. Ce n’est pas toujours un acte intentionnel pour contourner les règles. »

Alex, un troisième chauffeur, met en cause le manque de contrôle : « Les agents chargés de faire appliquer la décision ne sont pas visibles sur le terrain. Tant qu’ils ne seront pas présents et que les contrôles ne seront pas multipliés, les chauffeurs ne respecteront pas la mesure. »

Rappel des mesures

Récemment, le maire Me Patrick Kafwimbi avait interpellé des chauffeurs circulant sans numérotation réglementaire ou opérant dans des arrêts non autorisés. Il avait insisté sur la nécessité de réglementer la circulation au centre ville, d’améliorer les dispositifs de stationnement et d’assurer la sécurité des passagers. Sur le terrain, cependant, l’impact de ces annonces reste limité.

Analyse et enjeux

La persistance du « Kimbirikité » traduit un conflit entre règles formelles et réalités économiques : insuffisance d’infrastructures d’attente, temps d’attente élevés générant des pertes pour les conducteurs, faible présence des forces de contrôle et besoin urgent de revenus quotidiens. Sans prise en compte de ces facteurs, la simple répression risque d’être inefficace.

Pour enrayer durablement le « Kimbirikité », il faudra conjuguer contrôle et mesures structurelles : réaménagement des arrêts, augmentation de leur capacité, fluidification des cadences, présence renforcée des agents de régulation, et surtout mesures d’accompagnement économique pour les transporteurs. Faute d’une approche globale, la réglementation municipale restera lettre morte face aux contraintes quotidiennes des chauffeurs.

Yoland MALANGU

 

 

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