Plusieurs mois après la démission de l’ancien ministre de la Justice Constant Mutamba, le programme d’assainissement des établissements pénitentiaires en République démocratique du Congo semble au point mort. ONG, familles de détenus et acteurs de la société civile dénoncent l’absence de suivi et d’orientation, qui plonge de nouveau des prisonniers dans des conditions précaires.
Un analyste qui a souhaité conserver l’anonymat a affirmé, ce mardi 16 septembre 2025, auprès de Mines et Industries Magazine, que le plan d’assainissement des prisons n’avance plus. Selon lui, les initiatives lancées sous l’égide de l’ancien ministre ont été stoppées après son départ, laissant les établissements, notamment la prison de Lubumbashi, chef lieu de la province du Haut Katanga, sans appui ni financement.
« Le projet d’assainissement lancé récemment par l’ex ministre Constant Mutamba avait commencé à susciter de l’espoir, mais, hélas, depuis son départ, plus rien ne bouge. Les prisonniers sont de nouveau oubliés », a déclaré l’analyste.
Une réforme suspendue faute de suivi
Avant sa démission, Constant Mutamba avait engagé un plan d’urgence visant la réhabilitation des infrastructures sanitaires des prisons centrales, l’amélioration de la nutrition des détenus et le désengorgement par l’accélération des auditions des personnes en détention préventive. Ces mesures étaient présentées comme prioritaires pour remédier aux conditions de détention dégradées.
Mais, faute d’une coordination continue et d’un suivi clairement définis, le programme est aujourd’hui suspendu. Les directeurs d’établissements se retrouvent sans directives précises ni budgets alloués, rendant difficile la poursuite des travaux engagés.
La société civile tire la sonnette d’alarme
La société civile s’inquiète vivement. « Depuis le départ de Constant Mutamba, rien n’avance. Le dossier est à l’abandon », déclare Moïse Elumba, de l’organisation Litrase (Ligue pour la transparence dans le secteur extractif). Selon lui, les détenus, souvent en attente de jugement, continuent de vivre dans des conditions indignes.
Moïse Elumba appelle à une mobilisation urgente des autorités provinciales et nationales. « Il est impératif de fournir aux directeurs de prison les moyens nécessaires pour poursuivre les travaux d’assainissement », insiste t il.
Interrogé sur le rôle du nouveau ministre de la Justice et garde des sceaux, M. Elumba reconnaît que « chaque ministre a sa propre politique de travail ». Toutefois, il estime qu’il serait souhaitable que le successeur s’inscrive dans la continuité pour éviter l’interruption des chantiers essentiels. « Le plus urgent est de débloquer des moyens afin de résoudre la situation dans les établissements pénitentiaires », conclut il.
Tant que la continuité politique et administrative fera défaut, les mesures annoncées resteront lettre morte et les prisons congolaises continueront d’accumuler retards et souffrances. L’enjeu dépasse la seule cause humanitaire : il touche à la crédibilité de l’État et à la protection des droits fondamentaux des personnes privées de liberté.
Trésor Kasamba