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Diversification économique et valeur ajoutée : enjeux juridiques et opportunités pour la RDC

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À l’ouverture de la DRC Africa Battery Metals, le 29 septembre 2025 à Kolwezi, le débat sur la diversification économique et le renforcement de la valeur ajoutée a occupé une place centrale. Juristes, experts techniques et acteurs de la filière ont souligné qu’au-delà des ressources abondantes, cobalt, lithium, nickel, la République démocratique du Congo ne capitalisera durablement que si elle associe un cadre juridique contraignant, des politiques industrielles ambitieuses et une montée en compétences des jeunes Congolais.

Le panel consacré à « la diversification économique et le renforcement de la valeur ajoutée » a rappelé un constat simple : la RDC demeure, en grande partie, une économie mono exportatrice qui exporte la majorité de ses minerais à l’état brut. Pour Yannick Alenge, juriste intervenant au débat, le problème n’est pas tant l’absence de textes que leur non application.

« Nous avons de bonnes lois ; encore faut il les appliquer rigoureusement », a t il affirmé. Selon lui, tant que les règles qui régissent les mines, l’investissement, la sous traitance et le contentieux commercial ne seront pas effectivement mises en œuvre, la RDC restera fournisseuse de matières premières pour les économies qui, elles, valorisent ces ressources.

Fin de l’exportation brute : une nécessité pour capter la valeur

Alenge a rappelé l’urgence de diminuer les exportations à l’état brut pour favoriser la transformation locale : usinage, raffinage et assemblage doivent se développer sur le sol congolais. Cette stratégie permettrait de consolider les recettes publiques, de créer des emplois qualifiés et de réduire l’exposition du pays aux fluctuations des prix internationaux. Mais pour être efficace, la politique de valorisation exige un cadre juridique incitatif et contraignant, assorti de mécanismes de contrôle et de sanctions en cas de non conformité.

Renforcer les capacités en aval : formation et insertion professionnelle

Sur le plan technique, Michel Roy, expert de la Haute École des Mines et Industries en RDC, a insisté sur la nécessité d’une montée en compétence des jeunes Congolais pour occuper des postes techniques et de responsabilité. « Les jeunes congolais n’ont pas encore, de manière générale, accès à des postes à responsabilité ; ils ont besoin de compétences reconnues au plan international », a t il expliqué.

La réponse, selon lui, passe par des formations techniques courtes et certifiantes, des partenariats pédagogiques et des programmes d’apprentissage en entreprise. Roy a évoqué des initiatives en cours, notamment des coopérations de formation avec des partenaires français, visant à doter la nouvelle génération des savoir faire requis par une industrie de transformation.

Entre obligations pour les entreprises et incitations publiques

Le débat a également souligné la nécessité d’un double levier : imposer des obligations aux opérateurs (investissements dans la transformation locale, recours à la main d’œuvre et aux fournisseurs nationaux, transferts de compétences) tout en proposant des incitations publiques (zones industrielles, fiscalité adaptée, facilités logistiques). Sans une vraie articulation entre contraintes juridiques et mesures incitatives, la transition restera incomplète.

Gouvernance, volonté politique et inclusion des acteurs

Plusieurs intervenants ont rappelé que la réussite de la diversification exige une volonté politique claire et une gouvernance renforcée, impliquant l’État, le secteur privé et la société civile. Il s’agit de coordonner les réformes économiques, de garantir la transparence des contrats et des chaînes d’approvisionnement, et d’assurer que les retombées bénéficient aux communautés locales.

La RDC possède les ressources pour devenir un centre de fabrication et de valeur ajoutée dans la filière des batteries. Mais ce potentiel ne se concrétisera que si le pays transforme ses bonnes intentions en actes : appliquer les lois, structurer des incitations, former massivement les jeunes et contraindre les opérateurs à investir localement. Faute de quoi la République restera trop longtemps simple fournisseur de matières premières, quand elle pourrait être l’atelier et le moteur d’une industrialisation inclusive et durable.

Trésor Kasamba

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