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Economie : Quid du refus par les opérateurs économiques lushois des coupures de 50, 100 et 200 FC

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Ces dernières semaines, les opérateurs économiques de la ville cuprifère de Lubumbashi rejettent l’usage des billets du Franc congolais en petites coupures, dont notamment celles des 50 FC, 100 FC et 200 FC. Malgré l’absence d’un communiqué officiel de la Banque Centrale instituant le retrait en circulation de ces billets, cette pratique persiste. Pour mieux comprendre ce phénomène récurrent, la rédaction de Mines et Industries magazine a approché ce vendredi 6 juin 2025, M. Jean Bosco Kaumba, Chef des Travaux à l’Université de Lubumbashi, à la faculté de l’économie.

 

Selon Jean Bosco Kaumba, économiste, plusieurs raisons économiques poussent les opérateurs économiques à refuser ces billets : « la dévalorisation de la monnaie nationale est au cœur de ce problème. Cette dévalorisation est justifiée par la hausse des prix. Lorsque ces derniers augmentent, les billets à faible valeur faciale perdent leur pouvoir d’achat, entraînant ainsi une flambée des prix », a-t-il fait savoir.

La République Démocratique du Congo est un pays frappé par l’inflation, une maladie économique qui perturbe les activités commerciales. Ce rejet des petites coupures risque d’avoir un impact significatif sur l’économie formelle : « Ce phénomène d’inutilisation est justifié par l’augmentation du niveau général des prix. La dépréciation de notre monnaie nationale provoque une inflation qui affecte l’activité économique formelle. La population de Lubumbashi risque de rencontrer des difficultés pour acheter des biens de consommation ; par exemple, un produit qui pouvait se payer à 50 FC ou 100 FC pourrait désormais coûter 500 FC ou plus ».

Bien que les salaires des habitants demeurent inchangés, la hausse des prix pourrait accroître la pauvreté. Jean Bosco Kaumba affirme que le retrait progressif de ces billets est déjà observable sur le marché, avec des conséquences néfastes tant pour les vendeurs que pour les consommateurs : « Ce retrait est logique, causé par un manque d’utilisation. La Banque Centrale pourrait imprimer ces billets, mais cela ne serait pas utile. Pour lui, il estime que nous assistons à un retrait automatique provoqué par la dévalorisation ».

Il prédit que d’ici un à deux ans, ces billets disparaîtront, comme ce fut le cas pour les billets de 1 FC, 2 FC et 10 FC, qui ne sont plus en circulation. « La situation économique actuelle est marquée par l’inflation, ce qui entraîne une diminution du pouvoir d’achat et une aggravation de la pauvreté, car les prix continuent d’augmenter alors que les revenus restent constants ».

Pour remédier à cette situation, Jean Bosco Kaumba propose des solutions centrées sur la politique économique : « Il est crucial d’adopter des mesures macroéconomiques pour lutter contre l’inflation en privilégiant une politique de production locale plutôt que d’importation. Nous avons une démographie élevée qui nécessite la création d’une production nationale pour une consommation locale. Cela permettrait non seulement de dédolariser l’économie, mais aussi de valoriser notre monnaie ».

Il souligne également que le dollar américain s’impose dans le circuit économique en raison de sa prévalence dans les importations. Ainsi, selon lui, il est urgent pour les Congolais de diversifier leurs activités économiques en créant des entreprises agroalimentaires, véritablement congolaises, capables de produire des biens et des services locaux sans recourir à l’importation. « Nous devons valoriser notre monnaie et soutenir notre économie », conclut-il.

 Yoland Malangu

 

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