D’après le rapport de la Générale des carrières et des mines (Gécamines) consulté par Mines & Industries Magazine, l’année 2024 a été marquée par des évolutions contrastées au sein d’au moins douze partenariats miniers et industriels : relances d’activité, restructurations juridiques, tensions sécuritaires et défis techniques ont jalonné les relations entre l’État actionnaire et ses partenaires.
Le document de Gécamines dresse un panorama hétérogène des relations contractuelles et opérationnelles en 2024. Si certains projets ont connu des avancées (mise en service d’unités, versements financiers), d’autres restent entravés par des difficultés structurelles : intrusions de creuseurs clandestins, défaillances techniques, désaccords sur l’évaluation d’actifs et besoins de financement pour la remise à niveau des installations.
Voici les principaux enseignements par partenaire, tels que présentés dans le rapport.
Boss Mining (BM SAS), reprise freinée par l’insécurité. Après plus d’un an d’arrêt décidé par arrêté ministériel en mai 2023 en raison d’importants dommages causés par des pluies à Kakanda, la suspension a été levée en août 2024. La reprise reste toutefois compromise par des intrusions répétées d’exploitants clandestins et semi industriels sur les permis PE 463, 467, 468 et 469, souvent protégés, selon le rapport, par des éléments armés, entravant l’exploitation.
Tenke Fungurume Mining (TFM SA), expansion et engagements financiers TFM a mis en production de nouvelles unités, dont l’usine dite « 30k ». Le groupe CMOC a versé une tranche de 200 millions USD sur les 800 millions convenus pour 2024. Un accord cadre signé en avril prévoit par ailleurs le reversement de 4,3 % du chiffre d’affaires annuel à Gécamines au titre des frais de commercialisation du cuivre et du cobalt.
Kipushi Corporation (KICO), nouvelle dynamique juridique et industrielle KICO a modifié son statut juridique, passant de SA à SAS, et a validé ses comptes intermédiaires au 30 juin. La production commerciale de concentré de zinc a débuté au troisième trimestre, exploitant le corps minéralisé « Big Zinc ».
Minière de Kalumbwe Myunga (MKM), arrêt prolongé et restructuration, la production d’hydroxyde de cobalt est suspendue depuis juin 2023, pénalisée par des problèmes de rentabilité, des coupures électriques, un parc d’équipements vétuste et de faibles teneurs en minerai. L’État congolais a acquis 5 % du capital et nommé un administrateur pour piloter la restructuration.
Compagnie Minière de Kambove (COMIKA), chute des revenus et plans de redressement COMIKA a enregistré en 2023 une baisse de chiffre d’affaires de 47,85 %, aboutissant à un déficit. Gécamines a rejeté les états financiers 2022 et 2023. Le budget 2024 mise sur une montée en puissance de la production de cathodes de cuivre et d’hydroxyde de cobalt, soutenue par la mise en service d’un second concentrateur.
Sicomines, mise en œuvre partielle de l’avenant n°05, L’avenant prévoyant la commercialisation de 32 % de la production et le paiement de royalties à hauteur de 1,2 % du chiffre d’affaires reste partiellement appliqué. La nomination des mandataires attend encore une concrétisation.
Société Minière de Deziwa (SOMIDEZ), extension en préparation SOMIDEZ poursuit la préparation de la deuxième phase de son projet, avec une étude de faisabilité du gisement Est. Elle rappelle par ailleurs à Gécamines le versement, toujours en attente, de ses parts sociales.
Grande Cimenterie du Katanga (GCK), désaccords financiers et incertitudes d’actifs La réception provisoire des installations n’a pas été actée, faute d’accord sur certains coûts additionnels. Le projet d’approvisionnement en énergie est en cours, mais la valeur des actifs n’a pas encore été certifiée, ce qui retarde la finalisation comptable.
Zijin Musonoïe Mining, chantier d’acide perturbé La construction d’une usine d’acide progresse, mais l’activité subit des intrusions de creuseurs clandestins. La certification des réserves, condition du paiement d’un pas de porte additionnel, est en attente. Par ailleurs, la détection de produits supposés radioactifs a entraîné une suspension partielle de certaines opérations.
Société de Traitement du Terril de Lubumbashi (STL), redémarrage progressif mais fragilisé Après un arrêt en février pour réparation du four électrique, la production a repris en décembre. STL sollicite un soutien financier pour son fonds de roulement et pour la modernisation de son usine hydrométallurgique afin d’assurer une exploitation durable.
Kamoto Copper Company (KCC), conflits locaux et ajustements techniques KCC est confrontée à un différend avec KingaKila Mining au sujet d’une route d’intérêt commun, en cours de résolution. Les minerais pauvres stockés demeurent cruciaux pour alimenter l’usine. La transition vers des minerais sulfurés pose des enjeux de gestion du calcium, occasionnant des surcoûts opérationnels.
Sicohydro, production affectée par la baisse du niveau d’eau La sortie de COMAN du capital n’était pas encore effective fin 2024. La production hydroélectrique pâtit de la prolifération de mini centrales en amont, réduisant les débits et la fiabilité d’approvisionnement.
Le rapport 2024 de Gécamines met en lumière une double réalité : des progrès tangibles sur certains projets et, simultanément, des vulnérabilités structurelles, sécurité des sites, encadrement juridique, maintenance industrielle et besoins de financement, qui pèsent sur la performance globale des partenariats. La trajectoire des relations entre Gécamines et ses partenaires dépendra désormais de la capacité des acteurs à sécuriser les sites, clarifier les cadres contractuels et mobiliser des ressources pour la modernisation des installations.
À l’heure où la demande mondiale en cuivre et cobalt reste soutenue, la stabilité des partenariats et la sécurisation des opérations apparaissent comme des impératifs pour transformer les ressources congolaises en retombées durables pour le pays.
Trésor Kasamba








