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Intégration des enfants de la rue à Lubumbashi : Un combat mené à bout de bras malgré des moyens limités

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Livrés à eux mêmes, les « shégués » occupent les coins stratégiques de la ville. Face à l’indifférence institutionnelle, des ONG locales tentent, avec des ressources dérisoires, de ramener ces enfants vers l’école, la santé et la dignité. Mines & Industries a rencontré Mme Cissi Mbuyi Rita Ilunga, trésorière et secrétaire de direction de l’ONG ACTOMIC, pour dresser un état des lieux et comprendre leurs besoins.

Entretien ( Mines & Industries)

M&I : Bonjour Mme Cissi, veuillez présenter votre organisation à nos lecteurs

Mme Cissi : ACTOMIC est une organisation à but non lucratif œuvrant pour la protection, la réinsertion sociale et l’éducation des enfants en situation de rue. Notre mission principale est de restaurer la dignité de ces enfants à travers un accompagnement holistique : spirituel, éducatif, social et psychologique.

M&I : Qu’est-ce qui motive votre ONG à agir en faveur des enfants de la rue ?

Mme Cissi : Notre motivation découle d’une conviction profonde : chaque enfant, quelle que soit son origine ou sa situation, a droit à la sécurité, à l’amour, à l’éducation et à un avenir. Nous croyons que la société a le devoir moral et collectif d’offrir une seconde chance à ces enfants marginalisés. ACTOMIC agit donc pour redonner espoir, stabilité et identité à ceux que la rue a marqué et aussi investir dans le capital humaine est une mission noble, car l’ avenir d’ une nation est basé sur la jeunesse.

M&I : Combien d’enfants bénéficient actuellement de votre accompagnement ?

Mme Cissi : À ce jour, environ 80 enfants bénéficient directement de notre accompagnement régulier, et une cinquantaine d’autres reçoivent une aide ponctuelle à travers nos programmes d’appui communautaire.

M&I : Quels services offrez-vous à ces enfants ?

Mme Cissi : Nous offrons plusieurs types de services :

Accueil et écoute psychologique ;Restauration et soins de première nécessité (nourriture, vêtements, soins médicaux) ;nous cherchons un soutien financier pour leurs offrir un logement, un encadrement scolaire et alphabétisation ; Formations professionnelles et réinsertion sociale ; Encadrement spirituel et moral pour favoriser la reconstruction intérieur.

M&I : Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les enfants de la rue dans votre zone ?

Mme Cissi : Les principales difficultés observées sont :

L’absence d’abris sûrs et de nourriture ; Les violences physiques et sexuelles ; La consommation de drogues et la délinquance urbaine ; Le rejet social et familial ; Le manque d’accès à l’éducation et aux soins de santé.

M&I : Avez-vous déjà soumis des projets à des bailleurs ou lancé des campagnes de collecte ?

Mme Cissi : Oui. ACTOMIC a déjà soumis des projets de financement auprès de certaines institutions locales et internationales, nous avons déjà plusieurs fois fait des plaidoyer en faveur de ces humains qui sont ces enfants de la rue, nous attendons des réponses qui tardent

M&I : De quel type d’appui avez-vous besoin en priorité pour aider ces enfants ?

Mme Cissi : Nos besoins prioritaires concernent : L’appui juridique, financier d’ infrastructures pour la mise en œuvre de nos programmes éducatifs et nutritionnels ; Le soutien matériel (nourriture, vêtements, médicaments, fournitures scolaires) ; Le renforcement de capacités de nos éducateurs ; Et le soutien institutionnel pour l’obtention d’un centre d’accueil permanent.

M&I : Quel changement concret souhaitez-vous apporter dans la vie des enfants de la rue ?

Mme Cissi : Nous souhaitons transformer des vies en permettant à ces enfants de retrouver leur dignité, leur identité et leur autonomie. Notre objectif est qu’ils deviennent des citoyens responsables, capables de s’intégrer dans la société et de contribuer positivement à leur communauté. Nous voulons leur insertion à la vie citoyenne de la RDC pays carrière qui a besoin de la jeunesse pour gérer les mines dans le futur.

M&I : Comment comptez-vous mesurer les résultats de vos actions ?

Mme Cissi : ACTOMIC évalue ses actions à travers : Des rapports trimestriels d’activités ; Le suivi individuel des enfants pris en charge ; Des indicateurs mesurables (taux de scolarisation, réinsertion, amélioration sanitaire, retour en famille) ; Et des évaluations externes menées par nos partenaires.

M&I : Travaillez-vous en collaboration avec le gouvernement provincial dans ce processus ?

Mme Cissi : Oui, le gouvernement provincial est notre partenaire et allié historique et nous avons sa bénédiction, nous saluons notre gouverneur.

 M&I : Quelles recommandations avez-vous pour les autorités et les organisations relatives ?

Mme Cissi : Nous recommandons à nos très chers autorités de nous soutenir dans cet accompagnement de la gestion la plus sensible de la jeunesse en souffrance.

De cet entretien ressort l’absence d’une politique cohérente et durable de réinsertion. Les structures qui existent manquent souvent de moyens, de suivi et d’un cadre professionnel : beaucoup d’enfants quittent les centres faute d’accompagnement adapté, dénoncent des mauvais traitements ou s’ennuient. En parallèle, certains basculent dans la mendicité organisée, la délinquance ou simulent des handicaps pour survivre.

L’intégration des enfants de la rue dépasse la seule générosité : elle nécessite une stratégie concertée entre l’État, les ONG, les bailleurs et les communautés. Sans centres pérennes, financement stable et politique publique de prévention et de protection, les efforts individuels risquent de rester lettre morte. Or derrière chaque « shégué » se cache un potentiel que la RDC ne peut se permettre de perdre : redonner à ces enfants une place dans la société, c’est investir dans l’avenir du pays.

Trésor Kasamba

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