À l’occasion du forum DRC Africa Battery Metals du 29 au 30 septembre 2025) à Kolwezi, l’Initiative pour la Bonne Gouvernance et les Droits Humains (IBGDH) et Amnesty International ont lancé un appel urgent pour une transition énergétique en RDC qui respecte les droits humains. Selon les ONG, malgré sa richesse minière, Kolwezi ne profite pas aux populations locales, expulsions forcées, pollution et absence de réparations persistent.
Kolwezi, souvent qualifiée de capitale mondiale du cobalt, occupe une position centrale dans les chaînes d’approvisionnement des métaux pour batteries. Pourtant, les bénéfices tirés de ces ressources ne profitent pas aux communautés locales. Lors du forum, IBGDH et Amnesty International ont dénoncé l’écart entre la valeur stratégique des gisements et la dégradation des conditions de vie des habitants.
Un rapport resté lettre morte
Les ONG ont rappelé le rapport publié il y a trois ans, intitulé « Alimenter le changement ou le statu quo ? Expulsions forcées dans les mines industrielles de cobalt et de cuivre en République démocratique du Congo ». Selon elles, les recommandations formulées dans ce document ont été largement ignorées : seules environ un quart des victimes ont obtenu une réparation adéquate et les autorités congolaises n’ont pas mis en œuvre les mesures préconisées.
Impacts concrets : expulsions, pollution, perte de terres
Me Donat Kambola dans un point de presse, a cité plusieurs manquements concrets : « Il n’existe pas toujours de moratoire sur les expulsions forcées, ni de commission d’enquête inclusive et indépendante pour évaluer les délocalisations. »
IBGDH et Amnesty International pointent la responsabilité des pouvoirs publics et des opérateurs miniers dans la dégradation du tissu social et environnemental : altération de la structure des sols, dégâts causés par les détonations sur les habitations, perte de logements, disparition de terres arables et pollution de l’air, phénomènes observés dans plusieurs quartiers, dont le cas emblématique de Musonoie.
Appels précis adressés aux acteurs concernés
Profitant des assises au forum, les ONG ont formulé des demandes claires et ciblées :
• Au gouvernement congolais : instaurer un moratoire sur les expulsions forcées liées aux activités minières à Kolwezi ; créer une commission d’enquête inclusive et indépendante pour évaluer les processus de délocalisation et vérifier leur conformité au droit ; et appliquer les recommandations du rapport antérieur.
• Aux entreprises minières : respecter la législation congolaise et les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme ; engager un dialogue transparent avec les communautés affectées ; et mettre en place des mécanismes de recours efficaces pour les victimes.
• Aux entreprises utilisatrices de minerais (batteries, industries) : garantir que leurs chaînes d’approvisionnement en cuivre et cobalt respectent les droits humains et ne financent pas des violations sur le terrain.
L’urgence d’une transition énergétique juste
La transition énergétique mondiale ne saurait être durable si elle repose sur des chaînes d’approvisionnement qui bafouent les droits fondamentaux. À Kolwezi, la mise en conformité des pratiques minières et la protection des communautés locales ne sont pas de simples exigences éthiques : elles sont indispensables pour rendre crédible et juste la transition vers des technologies propres.
Trésor Kasamba