Ce mardi 30 septembre 2025, depuis Kampi ya Boma et par visioconférence dans le cadre du Battery Metals Forum DRC, le Professeur Jean Marie Kanda Ntumba, conseiller principal du Président Félix Tshisekedi pour le Collège mines énergie hydrocarbures, a exposé une vision claire : la République démocratique du Congo peut et doit devenir un acteur industriel majeur du marché mondial des batteries, à condition de transformer ses ressources en valeur locale et durable.
La RDC au cœur de la chaîne mondiale des batteries
Le professeur Kanda a rappelé l’évidence géologique et stratégique : la RDC possède un portefeuille unique de minerais essentiels, cobalt, lithium, manganèse, cuivre et nickel, qui sont aujourd’hui les pierres angulaires de la fabrication des batteries. Mais il a mis en garde contre le piège de l’exportation brute : « La RDC doit aller au delà de l’exportation de matières premières. Il faut engager la transformation locale et attirer des opérateurs technologiques pour produire des batteries sur le sol congolais. »
Cette transformation permettrait non seulement d’accroître les revenus mais aussi de capter la plus grande part de la valeur ajoutée générée par la filière.
Trois conditions à réunir pour transformer les ressources en richesse durable
Selon Jean Marie Kanda, la réussite passe par la convergence de trois impératifs :
• Durabilité environnementale : réduire l’impact écologique des activités d’extraction et de transformation, mettre en œuvre des normes strictes de gestion des déchets et des procédés propres.
• Réduction de l’empreinte carbone : intégrer des sources d’énergie renouvelable dans les processus industriels et privilégier des technologies sobres en émissions.
• Multiplication de la valeur ajoutée : viser une augmentation significative (jusqu’à trois fois) de la valeur captée localement via la transformation et l’assemblage de composants de batteries.
Construire d’abord un marché intérieur pour catalyser l’industrialisation
Le conseiller a insisté sur l’importance d’un marché intérieur robuste : produire localement des usages concrets tels que des motos électriques et des unités de stockage adaptées aux zones rurales. Un marché domestique solide servirait de base (demande initiale) pour monter en échelle et attirer des investisseurs dans la fabrication locale.
Mesures publiques et incitations pour attirer la technologie et le capital
Pour favoriser l’installation d’unités de transformation et d’assemblage, le gouvernement a engagé plusieurs pistes actives, d’après M. Kanda :
• création de structures spécifiques d’appui à la chaîne de valeur des batteries ;
• mise en place de zones économiques spéciales offrant des avantages (infrastructures, facilités fiscales, logistiques) aux investisseurs locaux et étrangers ;
• amélioration continue du climat des affaires pour réduire les barrières à l’investissement technologique.
Obstacles à surmonter : industrialisation, technologie et gouvernance
Malgré le potentiel, le professeur Kanda a rappelé les défis majeurs :
• lancer une industrialisation réelle et intégrée (usines, chaîne d’approvisionnement, qualification de la main d’œuvre) ;
• attirer et transférer des technologies adaptées au contexte local ;
• garantir une gouvernance transparente et des cadres réglementaires stables pour sécuriser les investissements et assurer des retombées équitables pour les communautés.
La RDC détient les ressources nécessaires pour jouer un rôle central dans la révolution des batteries. Mais ce rôle ne s’impose pas automatiquement : il se construit. Mobiliser l’énergie politique, structurer un marché intérieur, protéger l’environnement et rendre la gouvernance attractive sont les conditions d’une transformation qui fera des minerais congolais un levier durable de développement national et non plus seulement une rente d’exportation.
Yoland Malangu