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Le secteur minier, moteur de la relance économique du Haut Katanga

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Ce mercredi 17 septembre 2025, une réunion organisée au Pullman Grand Karavia Hotel à Lubumbashi a présenté le dernier rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de la République démocratique du Congo. L’événement a réuni les responsables des entreprises membres de la FEC (Fédération des entreprises du Congo) et a permis d’évaluer le poids du secteur minier dans le développement régional et national, ainsi que les défis de gouvernance qui freinent la diversification économique.

Le rapport de la Banque mondiale au cœur des échanges

La présentation du rapport par la Banque mondiale a servi de cadre aux interventions des membres de la FEC/Haut Katanga. À cette occasion, le président de la FEC/Haut Katanga, Patrick Muland Kabeya, a dressé un tableau détaillé des activités économiques qui touchent la vie des populations, en insistant sur le rôle prépondérant du secteur minier.

Le poids du cuivre et du cobalt dans l’économie nationale

Patrick Muland Kabeya a rappelé que la province du Haut Katanga est portée par une activité minière de plus en plus intense, laquelle constitue un socle de la croissance économique nationale. Il a cité des chiffres marquants : une production de cuivre proche de 3 millions de tonnes en 2024 et une production de cobalt dépassant 130 000 tonnes. Il a ajouté que la contribution du secteur minier avoisine 40 % du produit intérieur brut national au cours des trois dernières décennies.

Relance du zinc et partenariat structurant Gécamines – Ivanhoe

Outre le cuivre et le cobalt, M. Muland a souligné la relance de la filière zinc, illustrée par le partenariat structurant entre la Gécamines SA et le groupe Ivanhoe Mines pour la redynamisation de KICO (Kipushi Corporation). Dans ce montage, la Gécamines détient 38 % des parts contre 62 % pour Ivanhoe. Selon le président de la FEC/Haut Katanga, ce modèle de partenariat est porteur d’un enjeu économique majeur : il permet à la Gécamines de capter une part plus importante de la valeur créée tout en bénéficiant du savoir faire technique et de la capacité d’investissement d’un opérateur international.

Le pétrole : un complément stratégique à l’industrie minière

Par ailleurs, M. Muland a vanté les progrès accomplis dans le secteur pétrolier, devenu un complément incontournable de l’industrie extractive après des réformes menées sur la base des recommandations de la FEC. « Sur la base de nos suggestions à l’État, les réformes ont permis une augmentation très significative des recettes fiscales et parafiscales », a t il déclaré, précisant que ces avancées résultent d’un travail technique rigoureux conduit par la FEC en collaboration avec les autorités, ce qui a permis de récupérer des recettes auparavant échappant à l’État.

Des secteurs parallèles encore fragilisés

Malgré ces avancées, le président de la FEC/Haut Katanga a rappelé que d’autres secteurs, agriculture, industrie, commerce, font face à de nombreux défis. Parmi eux : une fiscalité lourde et peu incitative, un déficit énergétique chronique qui réduit la compétitivité, et des difficultés politiques qui affectent le rendement agricole.

Obstacles à la mise en œuvre des réformes

M. Muland a profité de l’occasion pour inviter les parties prenantes à reconnaître les obstacles persistants à la mise en œuvre effective des réformes économiques. Il a pointé la faible capacité d’adaptation de l’administration publique, en particulier au niveau local. Selon lui, certaines dispositions légales favorables au privé peinent à être appropriées, ce qui entraîne des interprétations divergentes et des lenteurs dans l’application, créant des blocages administratifs et une insécurité juridique préoccupante pour le secteur privé.

Le plaidoyer de la FEC pour une gouvernance rénovée

En conclusion, le président de la FEC/Haut Katanga a plaidé pour une amélioration de la gouvernance afin de stimuler l’agriculture et l’élevage, favoriser la création d’emplois décents, doter le pays d’infrastructures fiables et encourager l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Il a également insisté sur la modernisation de l’administration publique et la formation des agents : « Sans une administration capable d’appliquer les réformes avec rigueur et clarté, les efforts de transformation économique risquent de rester vains », a t il averti.

La Banque mondiale, par ses programmes d’appui technique et financier, demeure un partenaire clé dans l’accompagnement des réformes économiques et administratives engagées par la RDC. Son soutien contribue, selon les intervenants, à moderniser la gouvernance et à renforcer les capacités nationales nécessaires pour transformer la richesse extractive en développement durable pour l’ensemble du pays.

Le Haut Katanga confirme sa place de moteur minier de la RDC : production élevée, partenariats internationaux et réformes sectorielles offrent des opportunités réelles. Mais sans une gouvernance renforcée, une administration opérationnelle et des politiques publiques cohérentes pour diversifier l’économie, ces gains risquent de rester partiels. La prochaine étape consiste à traduire les recommandations techniques en décisions politiques fermes et en actions locales concrètes, pour que la richesse minière se traduise durablement en progrès social et économique.

Trésor Kasamba