Malgré les dispositifs étatiques et la présence d’orphelinats privés, le phénomène des enfants de la rue, communément appelés « chegués », s’amplifie à Lubumbashi. Entre insécurité grandissante, réapparition des mineurs après les campagnes d’arrestation et absence de solutions durables, la ville s’interroge : que deviendront ces enfants dans cinq ans si l’on ne change pas d’approche ?
Un fléau qui persiste malgré les réponses institutionnelles
Malgré les nombreuses mesures déployées par l’État congolais pour encadrer et protéger les enfants vivant dans la rue, la situation à Lubumbashi ne cesse de se détériorer. Mines & Industries Magazine a constaté, ce mardi 9 septembre 2025, une présence accrue d’enfants dans les rues de la ville, souvent perçue comme une menace par les habitants : agressions, vols d’argent, téléphones portables, sacs et autres biens sont régulièrement signalés.
Kanyama Kasese : une solution contestée et insuffisante
Pour tenter d’endiguer le phénomène, l’État avait instauré le programme « Kanyama Kasese » dans la province du Haut Lomami. Ce dispositif prévoyait l’arrestation et le transfert forcé des enfants vers le Service national de rééducation de Kanyama, situé à plus de 1 000 km de Lubumbashi. Si l’initiative a été saluée pour sa fermeté, elle s’est révélée insuffisante : nombreux sont les enfants qui réapparaissent dans les rues de la cité après un certain temps.
Des lieux symboliques de la vulnérabilité lushoise
La présence des enfants de la rue est particulièrement visible à plusieurs points névralgiques de Lubumbashi : l’angle des avenues Lomami et Mwepu, aux abords de la mairie, devant le palais de justice, sur l’avenue Chaussée près de l’Institut français et sur l’avenue Likasi, coin Adoula. Ces regroupements accentuent le sentiment d’insécurité des riverains et fragilisent la tranquillité publique.
Questions sans réponses et besoins d’un accompagnement durable
Se pose la question essentielle : ces enfants qui réapparaissent sont ils de nouveaux arrivants ou les mêmes mineurs déjà transférés vers Kanyama ? Plus largement, comment mettre un terme définitif à ce phénomène qui perdure malgré les mesures prises ? La réponse ne peut se limiter à la répression. Sans un accompagnement axé sur la réinsertion sociale, l’accès à l’éducation et des opportunités économiques, le cercle vicieux risque de se refermer.
Les conséquences à moyen terme si rien ne change
Si aucune solution durable n’est mise en place, privilégiant la prévention, la prise en charge sociale et l’insertion plutôt que la seule coercition, l’avenir est sombre : dans cinq ans, ces enfants pourraient devenir des adultes désocialisés, difficiles à encadrer et susceptibles d’alimenter une criminalité plus organisée. La ville de Lubumbashi verrait alors sa cohésion sociale davantage mise à mal.
Le phénomène des enfants de la rue est autant une urgence sociale qu’un défi de gouvernance. Traiter le symptôme par la seule répression ne suffira pas. Il est urgent de bâtir des politiques intégrées, prévention, protection, éducation et insertion économique, pour offrir à ces mineurs une véritable perspective d’avenir et préserver la sécurité et la cohésion de Lubumbashi.
Yoland Malangu