À l’issue de l’Alternative Mining Indaba, qui s’est tenu à Lubumbashi du 29 au 31 octobre 2025, des jeunes Congolais issus de multiples organisations de la société civile ont lancé un plaidoyer vigoureux pour davantage de transparence et de redevabilité dans la fiscalité minière. Leur demande : que Gécamines, le Fonds minier pour les générations futures (FOMIN) et les partenaires sino congolais rendent des comptes et adoptent des pratiques de gestion conformes aux intérêts des populations locales.

Dans un contexte où la gouvernance du secteur minier et la gestion des recettes constituent des enjeux nationaux majeurs, la jeunesse congolaise a fait entendre sa voix lors de l’Alternative Mining Indaba. Réunis autour du thème « Fiscalité et parafiscalité minières et transparence dans la gestion des recettes minières industrielles », les participants ont passé en revue des problématiques sensibles : la gestion du FOMIN, les exonérations fiscales consenties à la SICOMINES et la transparence des avances fiscales versées à Gécamines.
Organisés en trois groupes parallèles, les jeunes ont analysé l’exécution des PDL, évalué l’impact socio économique et environnemental des projets miniers et formulé des recommandations concrètes. Ils ont pointé, pour la Gécamines notamment, des cas de malversations financières, un manque de transparence dans la gestion des avances fiscales et l’existence d’influences indûes affectant la prise de décision au sein de la direction.
Concernant le FOMIN, dont la mission est d’assurer un transfert de richesse intergénérationnel, les jeunes ont exigé une gestion transparente et pleinement souveraine, garantissant que les fonds servent effectivement des projets de développement durable au bénéfice des communautés locales. Ils ont insisté pour que la gouvernance du fonds soit assortie de mécanismes de reddition de comptes accessibles aux citoyens.
Sur l’accord SICOMINES, les participants ont relevé des difficultés opérationnelles, notamment des insuffisances d’infrastructures qui compliquent le suivi de terrain, ainsi qu’un manque d’animateurs pour les structures mises en place au niveau local. En réponse, ils recommandent de renforcer la transparence lors des processus de signature des accords, d’intégrer des évaluations indépendantes, impliquant l’Inspection Générale des Finances (IGF) et le ministère des Finances, et d’exiger la publication régulière d’informations financières fiables.
Les jeunes ont également appelé la Gécamines à servir d’exemple en matière de bonne gouvernance : procédures de recrutement transparentes, respect strict des normes financières et institutionnelles, et disponibilité des états financiers vérifiables. Ils demandent que les obligations fiscales soient scrupuleusement respectées et que les mécanismes de contrôle soient renforcés pour prévenir tout détournement de fonds.
« Nous ne voulons plus être de simples spectateurs du système extractif. Nous voulons être acteurs de la transparence, du suivi et du plaidoyer pour une gestion juste et équitable des ressources naturelles », a déclaré une participante venue de Kolwezi, résumant l’aspiration commune des jeunes participants.
Ce forum a contribué à éveiller les consciences et a mis en évidence la volonté d’une génération prête à surveiller, interpeller et proposer des alternatives pour une gouvernance minière équitable. Les recommandations formulées lors de l’Indaba Alternative offrent une feuille de route claire : plus de transparence, des mécanismes indépendants de contrôle et une implication réelle des communautés. Reste désormais à voir si les autorités et les acteurs économiques accepteront d’engager les réformes nécessaires pour transformer ces recommandations en politiques effectives au service du développement durable.
Trésor Kasamba









