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Marée d’acide à Lubumbashi : CDM au cœur d’un scandale environnemental

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Une rupture de bassin de rétention attribuée à la société minière Congo Dofang Mining (CDM) a déversé des eaux polluées dans plusieurs quartiers de Lubumbashi. Entre colère des riverains, dégâts environnementaux et suspension provisoire des activités, la population réclame des analyses indépendantes et des réparations concrètes.

Des témoignages accablants continuent d’affluer au sujet de la société minière Congo Dofang Mining (CDM). Mardi 11 novembre 2025, vers 10 heures du matin, une femme veuve, dont nous taisons le nom, étalait sa marchandise devant sa parcelle, située sur la ligne haute tension à quelques mètres de l’entrée de l’usine CDM. Très en colère, elle déplore l’inaction des autorités malgré la couverture médiatique : « De nombreux journalistes sont venus ici, ils nous ont posé des questions et nous avons répondu, mais on ne voit pas de résultats », a t elle déclaré.

Selon elle, de nombreuses plaintes ont été formulées au sujet de l’impact environnemental de CDM, mais ces cris n’auraient pas été entendus par les autorités compétentes. « La situation dans ce quartier laisse à désirer. Je suis veuve depuis plusieurs années ; mes enfants ont construit des appartements pour moi afin que je puisse m’en sortir, mais les tôles des maisons pourrissent à cause de l’acide », affirme t elle, en montrant une toiture percée par la corrosion. Plusieurs habitations présentent en effet des traces évidentes de détérioration.

Sur le terrain, les habitants continuent de cultiver, mais sans grande conviction. « On cultive quand même, sans assurance, car chaque année beaucoup de cultures sont affectées par l’acide qui les jaunît ; même le manioc ne pousse plus comme avant », explique Raphaël, un riverain. Les habitants redoutent une contamination durable des sols.

La rupture d’un bassin de rétention

Le mardi 4 novembre, la rupture d’un bassin de rétention de CDM a inondé d’eaux polluées les quartiers Kasapa et Kamatete, dans la commune d’Annexe. Cet incident a entraîné le déversement d’un volume important d’électrolyte et paralysé certaines activités, notamment au marché Moïse. Selon un technicien de l’entreprise, une erreur de manipulation lors d’une opération d’exploitation serait à l’origine de la déchirure.

« CDM est intouchable, de nombreux dégâts ont été enregistrés, pas seulement celui ci, mais plusieurs autres par le passé et le gouvernement reste silencieux », fustige M. Mbaya, commerçant ambulant au marché Moïse, quartier Kasapa.

Suspension temporaire et demande de réparations

Deux jours après l’accident, Louis Watum Kabamba, ministre des Mines, a ordonné la suspension des activités de l’entreprise pour une durée de trois mois. Le gouvernement a également exigé la prise en charge des salaires et demandé des réparations environnementales et sociales pendant la période d’enquête.

De leur côté, les riverains dénoncent des gestes jugés insuffisants de la part de CDM : distribution d’eau en bouteille et de masques, mesures qu’ils considèrent symboliques face à l’ampleur des dégâts. « Ce geste reflète un manque d’engagement réel de la société », commente un responsable communautaire.

Conséquences sur la faune et l’environnement

Les eaux déversées ont provoqué la mort de poissons dans les rivières de la ville, affectant l’activité de certains pisciculteurs. Une commission a été mise en place pour procéder à des prélèvements et analyses en laboratoire afin d’évaluer l’ampleur des risques pour l’environnement et la santé publique. Les communautés exigent que ces analyses soient menées de manière indépendante et que les résultats soient rendus publics.

Appel à une responsabilité assumée et à un renforcement des contrôles

Face à la situation, les habitants réclament des compensations et demandent aux autorités de renforcer les contrôles environnementaux. Elles exigent également que l’entreprise assume pleinement sa responsabilité sociale et environnementale, notamment par la réhabilitation des terres contaminées, la réparation des infrastructures endommagées et la mise en place de plans de maintenance durables.

Tant que des analyses indépendantes et des mesures de réparation concrètes ne seront pas menées et rendues publiques, la défiance des populations demeurera et la question de la responsabilité de CDM restera au cœur des préoccupations locales.

Affaire à suivre…

Par Trésor Kasamba

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