Au cœur des débats entourant les entreprises minières et leur perception d’intouchabilité, se trouvent des questions qui dérangent, qui sont liées à la pollution de l’air, du sol, ainsi qu’à la délocalisation forcée des populations impactées par leurs activités. Ces impacts environnementaux et sociaux, souvent minimisés ou négligés, soulèvent des préoccupations majeures quant à l’absence de responsabilité et de contrôle effectif exercé sur le secteur de l’industrie minière.
Nous sommes au village Lukuni-gare, à Kawama, à plus au moins 18 kms de la ville de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga. Et, il est 10heures, heure locale de Lubumbashi, le 6 novembre 2024.
Monsieur Yav, coordonnateur de défense pour les intérêts de Kawama, explique le mécontentement des populations vivant tout autour de la société minière CDM ( Congo Dongfang International Mining). « Aujourd’hui, il y a un conflit entre CDM et la population. Nous avons constaté que cette société a rasé tout ce qui avait comme champs et maisons d’habitation », a-t-il dit.
Et, de poursuivre : « Cela se fait sans consentement des populations. Et ça devient comme une habitude des sociétés minières ». Parallèlement, il y a la spoliation des populations autochtones ou des communautés locales, pour faire place aux projets miniers, soulevant beaucoup des polémiques.
« CDM a rasé nos champs sans notre consentement, même si, nous sommes pauvres, il faut nous forcer à quitter nos terres. Quel est alors le rôle de l’État ? » fustige un cultivateur. Les populations subissent l’expulsion de leurs terres ancestrales, souvent sans consultation préalable ni compensation adéquate. Ce qui témoigne d’un déséquilibre de pouvoir et d’une violation des droits fondamentaux des individus les plus vulnérables, face aux intérêts économiques des entreprises minières.
Les dessous obscurs de l’impunité minière
Selon nos renseignements, à travers les victimes, les entreprises minières, par leur influence économique, se trouvent actuellement dans une position privilégiée, qui les place au-dessus des lois et des normes réglementaires. Cette impunité apparente découle, en grande partie, de la complexité des relations entre ces acteurs-clés de l’industrie minière et les instances de contrôle et de régulation.
« Nous vivons ici à Lukuni-gare, nous sommes impactés par l’air pollué de la société CDM, et cette société ne fait rien pour minimiser les dégâts », déclare un habitant du village, qui a requis l’anonymat. Par ailleurs, en raison de leurs investissements massifs, dans l’exploitation des ressources naturelles, ces sociétés acquièrent un pouvoir économique considérable, qui peut leur conférer une certaine immunité face aux sanctions et aux pressions externes.
Leur capacité à générer des revenus substantiels pour les gouvernements et les économies nationales, les place parfois au-dessus de toute critique. « Pourquoi le gouvernement peut-il se laisser faire, j’ai été brutalisé hier par les agents qui avaient des engins lourds ici, juste parce que j’ai revendiqué mes droits », s’est exprimé une femme maraîchère », à Mines et Industries.
Et, d’ajouter dans le même contexte « Ils ont pris nos terres par force, qu’est-ce que nous, on obtient après ? C’est vraiment une intimidation ». Alors que les entreprises du secteur minier jouent un rôle important dans le développement économique, social et environnemental, il existe souvent un manque de clarté et de transparence quant à leur responsabilité, envers les communautés affectées par leurs activités.
Contactée par Mines & Industries Magazine, la société CDM s’est abstenue de tout commentaire. Affaire à suivre.
Trésor Kasamba