Le vice ministre de l’Intérieur et des Affaires coutumières, Jacquemin Shabani, a ouvert mardi 9 septembre 2025 à Lubumbashi un atelier de haut niveau visant à harmoniser la gouvernance minière en RDC. Réunissant autorités nationales et provinciales, acteurs du secteur et société civile, ces assises ont pour objectif de trouver des solutions durables au fléau des envahissements illégaux de sites industriels et d’améliorer la gestion de la dotation de 0,3 % destinée aux projets communautaires.
Un discours d’ouverture lucide sur les failles du secteur
Dans un discours mesuré, le vice ministre Jacquemin Shabani a reconnu les lacunes du secteur minier, en particulier l’envahissement des sites réservés aux industriels par des exploitants artisanaux, une situation particulièrement préoccupante au Haut Katanga et au Lualaba. Il a rappelé que l’atelier devait permettre d’évaluer la mise en œuvre du cahier des charges sociales et la gestion de la dotation de 0,3 % du chiffre d’affaires des entreprises minières, confiée à des organismes spécialisés.
« Mesdames et messieurs, ces assises ont pour objectif de proposer des pistes concrètes d’amélioration pour assurer une gouvernance minière équitable, centrée sur le développement local effectif, et d’élaborer un plan d’action regroupant des solutions durables et consensuelles face au phénomène d’envahissement des sites miniers industriels par des exploitants artisanaux. »
La dotation de 0,3 % : une avancée à consolider
Depuis la révision du Code minier en 2018, la RDC a instauré la dotation de 0,3 % des revenus bruts des entreprises minières pour financer des projets communautaires dans les zones d’exploitation. Saluée comme un levier de justice sociale, cette mesure se heurte aujourd’hui à des obstacles pratiques qui limitent son efficacité sur le terrain.
Le vice ministre a rappelé la volonté de l’État de garantir que les communautés affectées par l’exploitation minière bénéficient de manière directe et pérenne des retombées de cette activité. Il a souligné que l’encadrement de l’exploitation artisanale visait aussi à répondre aux impératifs économiques et sociaux d’une population pour qui l’artisanat minier constitue un moyen de subsistance.
« Il s’agissait de reconnaître et d’encadrer une activité qui est un véritable moyen de subsistance pour plus d’un million de Congolais. »
Appel à une politique cohérente, transparente et responsable
Sur la question des envahissements, Jacquemin Shabani a exhorté les participants à élaborer une politique cohérente articulée autour de la transparence, de la redevabilité et de la justice sociale. Selon lui, seule une gouvernance claire et partagée permettra au pays de valoriser pleinement ses ressources minières au bénéfice des populations locales.
Organisation et enjeux de l’atelier
L’atelier réunit des membres du gouvernement national et provincial, des acteurs du secteur minier et des représentants de la société civile. Les travaux, prévus du 9 au 12 septembre 2025, porteront sur :
• La dotation minimale de 0,3 % du chiffre d’affaires (DOT) : évaluation de la mise en œuvre et propositions d’amélioration ;
• Le cahier des charges sociales : suivi, application et mécanismes de reddition des comptes ;
• L’envahissement des sites industriels : prévention, gestion et solutions pour concilier exploitation artisanale et protection des sites industriels.
Le défi est double : protéger les investissements industriels tout en garantissant que les richesses minières profitent réellement aux communautés. À Lubumbashi, les prochaines journées doivent transformer les intentions affichées en engagements concrets faute de quoi les résolutions risquent de rester lettre morte.
Trésor Kasamba