Les populations de la commune Ruashi, au Nord-Est de la ville de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga, craignent une délocalisation qui se projette en coulisses, depuis un moment. Ruashi Mining, une firme d’exploitation minière, avec une superficie de 6 hectares, est l’acteur principal des activités dans cette entité.
Ce sont particulièrement, les habitants du quartier Kalukuluku II, vivant côte du mur de la concession de Ruashi Mining, qui fustigent cette projection. Il s’avère que Ruashi Mining envisage de délocaliser les habitants de ce quartier, suite au filon qui longe cet espace en minerais, pour l’extraction des ressources naturelles.
Dans le contexte complexe de l’exploitation minière, la délocalisation d’une population résidant sur des terres riches en minerais, est une question d’études de faisabilité importante, en matière de développement, d’environnement et de justice sociale. Lorsque les sous-sols regorgent des ressources précieuses, comment concilier l’essor économique induit par l’exploitation minière avec le bien-être des populations locales affectées ?
C’est dans cette optique que nous vous apportons une lecture sur les mesures de délocalisation qui doivent être envisagées avec soin, diligence et compassion.
La délocalisation d’une communauté habitant sur des terres minérales est motivée par divers facteurs, tels que l’expansion des activités minières, la préservation de l’environnement, la sécurité des habitants face aux risques miniers ou encore la nécessité de maximiser l’exploitation des ressources souterraines.
Cependant, cette décision ne peut être prise à la légère, car elle impacte profondément la vie et les droits des individus et des communautés concernés. Quel est alors le mécanisme pris par Ruashi Mining ?.
D’autant plus que cette population n’a guère où aller comme lieu d’habitation. La délocalisation doit se faire de manière conventionnelle.
« La procédure de délocalisation pour la population de Kalukuluku II, n’a pas commencé aujourd’hui. Ça fait maintenant quelques années que nous attendons parler, mais rien ne fait », nous renseigne un membre de la société civile de la localité. Et de poursuivre : « Il s’avère que les démarches n’aboutissent pas, parce la société se trouve dans une situation difficile pour indemniser les populations concernées ».
Il paraît que, l’entreprise promet des compensations financières ou des projets de développement pour apaiser les inquiétudes des populations déplacées. « Ces promesses sont parfois difficiles à tenir. Les compensations sont jugées insuffisantes ou tardives, laissant les familles dans une précarité accrue », a fait savoir cet activiste des droits de l’homme.
Les craintes des populations face à la délocalisation
L’exploitation minière, souvent perçue comme un moteur de développement économique, suscite également des inquiétudes croissantes parmi les populations locales. « Combien vont-ils donner pour éviter les dégâts ? », questionne Monsieur Moïse Kabamba, président du comité local de développement, à Kalukuluku II.
Face aux multiples questions, de nombreuses communautés se mobilisent pour défendre leurs droits. Des mouvements sociaux émergent pour revendiquer une plus grande transparence dans les décisions concernant l’exploitation minière et pour exiger des compensations justes et équitables.
« Si la société veut acheter nos terres, qu’est-ce qui va nous motiver pour accepter tant qu’elle n’a rien fait pour nous ? », a réagi Ignace, habitant du quartier. Ces luttes témoignent d’une prise de conscience des enjeux environnementaux et sociaux, liés à l’exploitation des ressources naturelles.
« L’argent que la société va donner pour nos terres est-ce que ça va suffire et où j’irai avec ma famille », s’exclame-t-il. Et de conclure : « Ici, seulement le gouvernement peut décider pour notre avenir ».
La perte d’identité culturelle
La délocalisation ne signifie pas seulement un déplacement physique, mais aussi une perte d’identité culturelle. Les communautés locales ont souvent des liens profonds avec leur terre, qui est le berceau de leurs traditions et de leur histoire.
L’expropriation des terres peut donc entraîner une érosion de ces valeurs culturelles, laissant les populations sans repères et sans héritage. « Presque toute ma vie je l’ai vécu ici. Je vie dans ce quartier depuis 1986, je suis né ici et grandi ici, même mon histoire se trace à partir de la maison de mon père d’heureuse mémoire, cette maison est mon identité ». Fustige Monsieur Eric Kalonji, responsable d’une famille.
L’une des principales craintes réside dans le phénomène de délocalisation, qui peut avoir des conséquences dévastatrices sur les communautés touchées. « A ce que je sache, je n’ai jamais connu une indemnisation totale », a déclaré Monsieur Moïse Kabamba, président du CLD Kalukuluku II.
Les activités qui impactent la vie sociale
Dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises, les sociétés ont un rôle complexe et varié dans la société, avec des impacts qui peuvent être vus positifs ou négatifs, selon leurs pratiques et leur engagement envers la communauté. De nombreuses entreprises adoptent des pratiques durables et responsables, ce qui peut contribuer à la protection de l’environnement et à l’amélioration des conditions de vie.
« Nous avons vu seulement la construction de nos bureaux ici à Kalukuluku II. Aussi, il y a l’électricité. Par rapport aux infrastructures, c’est rien comme réalisations de Ruashi Mining dans notre localité», a dit Monsieur Moïse Kabamba. La délocalisation, dans ce quartier, crée un sentiment d’insécurité économique chez les habitants, qui craignent de perdre leurs terres, leurs maisons et leurs moyens de subsistance.
En somme, un dialogue ouvert et constructif est essentiel pour trouver un équilibre entre développement économique et la protection des communautés de cette localité.
Trésor Kasamba