Lors de la première journée du colloque de la rumba congolaise ce 04 qui se tient au Bureau Wallonie Bruxelles, les débats ont porté sur l’histoire de la rumba, ses retombées culturelles et économiques, ainsi que sur les moyens de sa transmission à l’ère des technologies numériques. L’objectif : confronter mémoire et innovation afin de préserver, valoriser et inscrire durablement la rumba dans les dynamiques culturelles et économiques contemporaines.

Le débat a porté sur l’histoire de la rumba, ses retombées culturelles et économiques, ainsi que sur les moyens de sa transmission à l’ère des technologies numériques.
Parmi les intervenants figuraient l’honorable Mathilde Benathar, Higelin Mutomb poète et Sumba Maly, doctorant en sciences du tourisme et directeur de Palma Okapi Tours.
Chacun, à sa manière, a dressé un panorama de la genèse historique de la rumba aux projets actuels de sauvegarde, en passant par le rôle de la musique dans le développement touristique.
Mémoire et reconnaissance
Mathilde Benathar a rappelé la contribution de son père, Moussa Benathar, figure pionnière de la scène congolaise dès 1948. Elle a déploré le relatif oubli de certains acteurs historiques malgré l’ampleur de leur apport : « La rumba est aujourd’hui écoutée à travers le monde ; il est essentiel de reconnaître ceux qui l’ont portée dès ses débuts. » Pour elle, la rumba puise ses racines dans les musiques traditionnelles congolaises tout en s’inspirant d’apports afro cubains, et mérite une mise en lumière plus attentive de ses promoteurs historiques.
Rumba congolaise à l’ère du numérique : mémoire, enjeux et perspectives
Opika 2.0 : numériser pour transmettre
Higelin Mutomb a présenté Opika 2.0, un programme visant à préserver et numériser les expressions musicales du Katanga, rythmes bayeke, luba, sanga, tshokwé, en s’appuyant sur des archives sonores et visuelles. Les principales composantes du projet sont :
• la collecte et la numérisation des archives sonores et visuelles de la rumba katangaise ;
• la création d’un centre de documentation numérique à Lubumbashi ;
• l’organisation d’ateliers intergénérationnels réunissant anciens musiciens et jeunes créateurs.
Opika 2.0 se veut un laboratoire culturel et numérique : en rendant accessibles archives et savoirs, le projet entend réaffirmer la place du Katanga comme moteur de créativité et d’unité culturelle. Le numérique y est présenté non comme une menace, mais comme un outil de mémoire vivante et d’inclusion.
Rumba et tourisme : une synergie à exploiter
Pour Sumba Maly, la rumba peut jouer un rôle central dans l’attractivité touristique. Valoriser ce patrimoine par des projets numériques et culturels permettrait d’attirer des visiteurs, de générer des retombées économiques locales et de renforcer la visibilité internationale du Congo. Il plaide pour des itinéraires culturels, des festivals thématiques et des offres touristiques qui intègrent concerts, archives numérisées et parcours patrimoniaux.
Enjeux pratiques et perspectives
en vrai, ce colloque montre que la rumba congolaise est à la fois un patrimoine vivant et un vecteur de développement. Mais les intervenants ont souligné plusieurs besoins concrets don’t les financements pour la numérisation et la formation des acteurs.
Les ateliers intergénérationnels prévus ont vocation à transmettre savoirs et pratiques, et à outiller les jeunes artistes pour qu’ils tirent profit des technologies sans diluer l’identité musicale. Ce travail collectif implique chercheurs, institutions culturelles, professionnels du tourisme et partenaires internationaux.
La rumba ne doit pas rester seulement un objet de nostalgie ; transformée et partagée, elle peut devenir un levier durable de développement culturel et économique. À présent, il faut traduire ces ateliers et recommandations en projets financés, en politiques publiques et en infrastructures concrètes pour assurer à la rumba une transmission vivante et une visibilité mondiale.
Yoland Malangu









